Monday 28 April 2008

thank you ever so

elle répond "Coupons ? it's like money isn't it ?" et elle est satisfaite car elle croit que ce type se fait beaucoup d'argent, que, therefore, il est tout trouvé pour son amie. ce champ, contre-champ, donc, au bar du bateau, après le dîner, qui les sépare, Lorelei Lee de son côté et de l'autre, Dorothy Shaw son amie et le détective privé qui tombera amoureux de celle-ci... un c, cc statique qui fonctionne à merveille, contrairement à ce que tu me disais sur les dialogues en c, cc de manière générale : Si les personnages ne font rien de spécial, c'est chiant à regarder. tu parlais peut-être seulement des films français, je me souviens mal. toujours est-il que là c'est très délicatement fait, puisque les deux futurs amoureux se rendent compte qu'elle comprend mal ce que le type lui dit (elle prend des coupons de réduction pour des titres financiers, croit qu'il a mal compris une balgue de Dorothy alors qu'il l'a bien saisie et rebondissait justement dessus, etc.), mais elle, droite, face à eux, possède, malgré sa bêtise apparente, un système de valeur et de références et d'attitudes très précis et cohérent. preuve en est le moment où elle se lève pour les laisser tous les deux, sûre de son coup (même si elle se trompe, quelle importance au fond, de notre point de vue de spectateurs ?), rappelant au passage que le pont offre un cadre imprenable, avec la lune qui brille beaucoup ce soir, etc. elle croise le vieux qu'elle a commencé d'allumer à l'apéro et dance avec lui : le timing est favorable, certes, mais elle a le talent qu'il faut pour saisir ce type d'occasion (danser avec le vieux et le charmer encore plus, au moment où, après avoir laissé son amie seule avec son futur amoureux, elle se trouvait seule). (rappelle-toi ce dialogue de Mat Girls : You've got skills, unlike moi -- you have skills! etc.)

pas une seule scène où elle doute d'elle-même, se remet fondamentalement en question : rien à remettre en question, pas de repentir, pas même l'idée de repentir, pas question de cela dans le film (dans mon souvenir). Inspiratrice de Barney, évidemment. tu as remarqué sinon qu'elle est capable d'évaluer très précisément le temps qu'il lui faut pour convaincre untel de lui accorder telle faveur, d'accepter ceci ou cela, etc. ? quand le diadème que le vieux crouton a accepté de lui donner a disparu (à Paris quand elles sont re-devenues danseuses et que la police est là pour réclamer le bijou), Dorothy lui dit qu'elle va devoir soutirer environ quinze mille dollars à son futur mari (l'idiot qui la laisse partir pour Paris avant lui); elle lui répond qu'elle va en avoir pour une heure et quarante-cinq minutes. à la fin du film, elle demande à son futur mari de la laisser trois minutes avec le père qui refuse le mariage depuis le début : exactement le temps qu'il lui faut pour se le mettre dans la poche.

je crois, par ailleurs, que c'est la première comédie musicale que j'apprécie vraiment. je ne suis pas du tout habitué au genre.
cette scène incroyable où, démunies, sans le sou, elles s'installent à une terrasse et commencent de chanter, chacune la tête appuyée sur le poing, le coude sur la table (je sais pas si tu visualises la position, c'est très simple mais pas évident à décrire, bref, c'est awesome et très beau)

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